Snow all around us. AHAH, not cool. Sûr. Le moment opportun pour réchauffer les esprits, relancer les iPods, et embraser les chaînes hi-fi. Si l'été réclamait du rafraichissement, les playlists hivernales préfèreront sensiblement secouer nos membres engourdis & esprits ramollis.
L'été est le temps des festivals nocturnes, des soirées à ciel ouvert, de l'alcool dans la piscine, des piques-niques perdus, des sourires affichés; tendres sourires généralement dissimulés par un hiver qui ne joue pas sur le même registre. Se réchauffer en hiver, c'est plus compliqué: mais les soirées sont plus tactiles, plus resserrées, non moins mouvementées. En hiver, on demande de l'underground, du crade, du dansant. L'hiver est plus sexuel qu'on ne le pense: n'ayons pas peur de tomber les manteaux, écharpes et bonnets voire moonboots, choisissons bien nos soundtracks et égarons nos préjugés pour mélanger tous les genres. L'hiver est toujours la saison où mes goûts musicaux tanguent dangereusement, osant mélanger tubesque et inconnu, comme si enchaîner boîte de nuit - et ses morceaux pas toujours variées - et after-iPod prenait enfin le visage d'une soirée parfaite. Mixer les horizons uniquement pour animer les corps endiablés.
Quelles sont les sorties - quelles sont les nouveautés - que faut-il écouter - que faut-il tester: limitons nous au récent, regardons derrière nous et jetons nous dans 2010. Hears openned.
Mention spéciale tout d'abord. Il est souvent bon de dépoussiérer quelques titres pour s'offrir un doux et léger surplus d'allégresse, en ces froids désagréables. Je vous donne mes clins d'œil passagers animant actuellement mon iTunes et revitalisant les gelés et congelés, enivrant les déprimés, déprimants et dépressifs.
* Je vous conseille de déterrer le "Give it to me" de Madonna, délicieusement excitant & terriblement efficace. Un tube, un vrai, c'est pour le moins certain. De quoi réveiller pulsions & talents enfouis sous la neige. J'en profite pour y associer un autre morceau: juste pour vous faire sourire, juste pour vous offrir un joli moment avec la Madone.
* Autre point de fusion. Je suis retombé dans le phénomène TTC. Dieu que c'est bon de réentendre leurs paroles crues et sans limites, leur son électro-pyromane, de revoir leurs gueules provocatrices. Repasser par Girlfriend, Dans le Club ou Téléphone: faisons sauter toute pente verglacée s'étant peut-être installée dans vos organismes. Et relâchons tout ensuite sur le dément "In My Room" des inévitables Last Shadow Puppets.
* Dernières météorites nous bombardant déjà depuis plusieurs dizaines d'années, mais qui n'ont rien perdu de leurs capacités pour réveiller quelques zones cérébrales abandonnées dans l'obscurité hivernale. Le Grand Master Flash et son bondissant "Message", Simon & Garfunkel avec le sweet "Sound of Silence" et la joyeuse "Mrs Robinson".
Continuons avec du hot stuff plus récent. Suivons bêtement et comme d'habitude ces pseudos-subdivisions musicales - vagues et floues - mais qui nous facilitent toujours bien la tâche. D'abord tout ce qui tournerait, ceci de plus ou moins loin autour de l'électro et de ses pouvoirs tentaculairement incroyables pour animer nos funs baskets. Liste de courses:
* Commençons par un titre collant - qui certes est taillé pour à peu près toutes les périodes de l'année - et dégoulinant à souhait: "Feel It All Around" de Washed Out. Une chaleur tentaculaire et estivale est aisément imaginable - un peu comme sur les morceaux interdits au moins de 18ans signés par Tellier - mais pourquoi pas plutôt rêver à travers ce rythme lent et érotique d'une marche spatiale à travers une étendue on ne peut plus enneigée. Une marche vers quelquechose de chaud, de chaud et d'attractif sous la nuit tombante: assez jouissif en fait.
* Touchons deux mots de Trip-Hop avec le retour programmé et progressif de Massive Attack: "Paradise Circus" & "Splitting the Attom" pour des créations toujours plus entêtantes, tournantes, complexes, précises, obsédantes, absorbantes et déformantes. Les Britanniques ne s'arrêteront visiblement jamais de nous impressionner ou surprendre: leur nouvel album prévu pour début 2010 est déjà sur toutes les lèvres.
* En cette fin d'année, il faut aussi écouter Miike Snow (les biens nommés), bande suédoise voire constellations d'étoiles de la production. Un cocktail peut-être improbable pour un résultat sans aucun doute imparable. Cette fine équipe parvient à construire ces morceaux qui savent triturer l'esprit, remuer les cœurs: "In Search Of", gageons que vous ne ferez pas que goûter.
* Des Américains à présent, répondant au nom de Cold Cave, pour une électro à la frontière de la pop, mêlant quelques influences 80's - on pense à New Order - à ce qui ce fait de mieux aujourd'hui - pourquoi pas Simian Mobile Disco? -. "Youth & Lust" tâchera de vous offrir un avant-goût: on y sent l'envie juvénile de tourner, tourner, tourner encore. Et surtout la conscience - ou l'inconscience - de pouvoir le faire encore des tas d'années.
* Dernière cartouche: je vous mets sur les rails du nouveau Hot Chip, leur album étant programmé pour début 2010. Les Londoniens semblent s'être aguerris et avoir durci le ton: leur son sait de mieux en mieux virevolter sur les idées de génie pour atteindre les sommets. Moins soft mais plus tortueux et intéressant: "One Life Stand" pour vous servir.
Je ne vous laisse pas vous échapper si facilement. N'oubliez pas de jeter un oeil sur ces quelqu'autres groupes ne méritant pas moins: Vitalic (et son dangereux "Poison Lips"), Atlas Sound, Fuck Buttons (ne passez pas à côté), Memory Tapes, Slagmalsklubben, Hearts Revolution, Passions ou Thieves Like Us.
Lançons nous dans les méandres de la Pop, belle et dangereuse Pop, englobant un peu tout et n'importe quoi mais offrant des bijoux sans égaux. Ces perles sortent aussi en hiver, et évitent un quelconque ahurissement de saison. Let's try.
* Un premier bol d'air - ou pourquoi pas l'équivalent du rafraichissement procuré par la mer en plein été, mais à replacer en hiver, OUCH compliqué - qui nous arrive des États-Unis: les fantastiques Drums. Pleins de joie, bourrés d'énergie, barrés à souhait. "Let's Go Surfing", à défaut de surf, let's have fun. Et sourions.
* Les prévenus suivants sont des protégés des grandissimes Radiohead: dur de les attaquer, d'autant plus que leur pop-rock alternative a d'ores et déjà témoigné de son efficacité et de ses facettes multiples, savoureuses et savantes. Répondant au nom de Grizzly Bear, leur dernier album est une bénédiction pour cet hiver: "While You Wait For The Others" se fera un plaisir de vous expliquer pourquoi. Ça fourmille de petits pièges et surprises, c'est beau et l'on se sent comme un enfant à écouter ce cadeau.
* Jouons un peu côté français aussi. Ces derniers temps, nous observions régulièrement quelques actrices se jeter dans la musique avec souvent une jolie réussite - pensons par exemple à la belle Scarlett -. Mais l'une a supplanté les autres: avec une collaboration en or - Beck témoigne une fois de plus de son génie - et un talent certain, Charlotte Gainsbourg a sorti un album presque exceptionnel aux frontières musicales floues: "Heaven Can Wait" et le reste de l'album dessinent un univers où parviennent à s'emmêler paix et tourments, certitudes et doutes, pour un résultat assez fascinant.
* Next ones come from Ireland. Les Two Door Cinema Club servent la pop-rock la plus vitalisante de l'hiver: se servant chez les Klaxons, Arctic Monkeys, Foals voire Franz Ferdinand, ils mettent sur la table des mélanges à en faire tourner la tête. Tout à fait le genre de chansons pour aller courir dans la neige, taper avec ses pieds le plus fort possible, morceaux pour avoir la tête qui tourne et sauter comme un fou jusqu'à réellement en frissonner de plaisir: "I Can Talk" en démonstration.
* Jamie T, le turbulent Jamie T clôturera nos quelques zooms sur la Pop sur un accent très rock. Le dernier album du bonhomme - salué par la critique - apparaît comme un recueil de folie, mais aussi de maturité où sans réel fil conducteur, tous les titres forment un tout plaisant. Ce serait comme un album qui rappelle la bande de copains où, à l'écoute, on sent la complicité et le rire facile. Des morceaux sans pression et ça réussit, c'est clair: "Stick'N'Stones" le montre assez bien.
Pop en forme, avec quelques coups de maître. Comme d'hab, une petite cure de rattrapage pour les laissez-pour-compte: le retour des Cribs ("Cheat on Me"), les Rakes en forme ("That's the Reason"), New Look, les Maccabees ("Love you better"), une reprise de "Take Me Out" de FF par les Guillemots. Vamos.
Voici venu le temps des inclassables, et cela n'a rien de péjoratif: c'est souvent même ici que l'on retrouve les titres les plus jouissifs, du moins les plus marquants. L'inclassable peut être partout et nulle part, aux influences multiples et au résultat brillant. Admirons.
* Les premiers à comparaître ont produit selon NME, le meilleur album de l'année. The Horrors ont comme on dirait retourné leurs chemises pour une volte-face détonante, turbulente mais réussie. Avec un style plus frais, plus ouvert, leurs chansons - je m'y évade en pensant aux Clash et surtout à Joy Division - ont fait peau neuve, sont plus séduisantes que jamais et troublent toujours autant: "Sea Within a Sea".
* Au tour suivant, la suite logique des MGMT ou Passion Pit: Yeasayer et leur pop psyché explorent eux aussi ces continents encore méconnus entre pop, rock et électro. De quoi nous y consumer et souriant de toutes nos dents en regardant la neige tomber dehors, imaginant des aventures folles que même les rêves n'avaient osé esquisser. "Ambling Alp", colorée et exotique à souhait.
* Le plus weird de la sélection sans doute, mais le plus excitant: que d'innovations, que de surprises pour un album qui a conquis toutes les critiques. La suédoise maîtresse du projet Fever Ray a su construire comme un monde second, sombre mais accueillant et où il fait bon s'installer le temps de ses chansons. Un mélange de cauchemar et de rêve, fermons les yeux et admirons: "If I Had Heart".
* Certainement l'artiste le plus connu de cette petite sélection de disques à pourquoi pas retrouver en bas du sapin: le leader des Strokes, solitaire le temps d'un album exemplaire, brillant dans une pop-rock dangereusement électronique. Julian Casablancas a su profiter de son indépendance au moment d'écrire pour réaliser des titres libres, puisant librement leurs sources dans des influences variées mais tendant vers les 80's. "11th Dimension", à la fois soft mais brut mélange de parfums discos conservés durant deux ou trois décennies, de quelques frondes new wave et d'un héritage des Strokes qui laisse toujours ce vif désir de rouler en coupée-cabriolet sur une longue ligne droite à l'américaine. En Ray-Ban et blouson en cuir, Casablancas prolonge le rêve.
* Je finis avec ma préférence hivernale: un groupe pourvoyeur d'une Pop-Rock inqualifiable, on ne peut plus profonde, sombre et délabrée, magnétique et esthétique, The Big Pink. Comme s'ils avaient pris un "date" continu avec l'émotion, au rendez-vous sur chaque titre, laissant planer tout esprit prêt à vibrer. Car c'est ça, un rêve en altitude, propulsé par une guitare spatiale, aérienne, presque robotique mais tout de même sensuel. Je laisse ces mariages d'adjectifs - absolument pas fait pour être employés ensemble - parler pour ce groupe. Et vous laisse un extrait à tester "Velvet", la plus efficace peut-être - oh on est pas à deux près "Too Young Too Love", "Dominos".
J'en termine avec l'inclassable, avec le plus libertin. Je vous laisse quelques rendez-vous à prendre: Django Django, The Soft Pack, the XX, Micachu et Girls devraient vous rassasier.
L'hiver pourrait être bon, il y a de quoi se chauffer sans feu. Il y a de quoi se serrer les uns contre les autres, de toutes les manières du monde. Sans risque de réchauffement climatique. Tout bénéfice: une saison rendue plus sexy, une neige rendue plus imagée, un quotidien rendu moins plat. Tout bénéfice je vous dis.
M.B.