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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 19:21

 

 

     Force nous est de constater qu'en France ces dernières années, les vagues ont plus souvent été bleues que roses. La gauche ne gagne plus et une comparaison me démange: prenez une équipe sportive qui sur le papier a tout pour réussir, mais où les résultats ne tombent plus. Le Parti Socialiste - auquel certes on ne peut réduire la gauche, mais qui apparaît comme seule opposition crédible de ce côté de l'échiquier politique - semble vivre ce même casse-tête. Alors quel schéma tactique pour 2012?

 

     Pour l'instant, les jours se suivent et se ressemblent: la décomposition entamée dès le départ de Jospin en 2002 poursuit son chemin et on ne sait même plus bien qui est aujourd'hui marqué à gauche. Les appels de pied répétés des différents gouvernements Sarkozy envers certains poids-lourds du PS ont aggravé cette sensation de malaise - d'autant plus que certains y ont répondu positivement - où les diversités idéologiques apparaissent au grand jour et privent la gauche d'une union pourtant intéressante et nécessaire.

     Une question se détache d'abord sous ces interrogations, sous ces divergences, sous cette situation permanente de crise socialiste: aujourd'hui, qu'est-ce qu'être à gauche? La multiplicité des réponses possibles donne finalement lieu à une sorte de vide intellectuel. Il est cependant rassurant de voir que ces réponses existent, relayées encore par une sorte d'activisme associatif, malgré le manque cruel de répondant de la structure partisane elle-même. Ici, peut-être est le problème: la gauche détient visiblement encore les forces vives susceptibles de la replacer au pouvoir, mais les têtes pensantes d'en haut sont face à un mur quand il s'agit de construire un discours pour ranger tout ce petit monde.

 

      La construction de ce discours varie selon l'objectif: qu'il reste purement idéologique, ou ait une visée plus utilitariste, les rapports avec le marxisme, l'Etat-Providence, l'égalité, la liberté, le progrès - et etc.. - changent et donnent lieu à un vaste champ de possibilités où bien malin sera celui qui sortira le discours le plus efficace. En vérité, la diversité des gauches est presque toujours, en tout cas en France, resté un élément perturbateur mais possible à contourner: que les divisions prennent une forme bilatérale - longtemps les versants communistes et socialistes ont été les deux faces d'une même force - ou multilatérale, elles peuvent être fédérer dans l'espoir de construire une alternative à la droite.

     Ce rôle fédérateur a souvent été tenu par un visage. L'Union de la gauche, mise en place en partie par Mitterrand à la fin des années 70, reste l'image belle mais inespérée d'un versant uni et unique, regroupé pour enfin apporter l'alternance. Jospin su tenir un temps ce rôle de numéro 1, laissant l'espoir d'une nouvelle union de tous les bords. Mais nous connaissons tous l'échec de 2002.

     Là est le souci aujourd'hui: comment reconstruire une opposition crédible et solide face à une droite rampante et gourmande qui derrière un bastion fort et unifié, sait grignoter sur ces deux côtés - à la fois vers l'extrême et vers le centre voire la gauche -. Force est de constater que l'UMP et dans une moindre mesure Sarkozy ont su regrouper leurs atouts pour éviter toute catastrophe. Leur réussite est presque exemplaire.

 

      Le plus ridicule pour la gauche semble cette incapacité à trouver un leader incontestable ou au moins incontesté. Il semblerait pourtant que ce soit le premier pas à effectuer vers la stabilité. Même si le rôle paternaliste du PS est remis en question - par les Verts d'Europe Écologie entre autre -, il apparaît probable que le candidat socialiste de 2012 ait un rang d'adversaire premier de la droite à occuper. Qui? C'est bien compliqué: Ségolène Royal irrite, Martine Aubry semble sans relief, Dominique Strauss-Kahn s'avère trop "lointain", Benoît Hamon trop à gauche, Manuel Valls trop à droite, Moscovici etc.. Évoquons même Huchon dont les possibilités électorales semblent finalement très limitées et Cohn-Bendit dont le parti semble plus tailler pour des attentes internationales que pour gouverner à l'échelon national. Pourtant certains ont à priori les capacités pour prendre le statut de leader.

     Aubry a logiquement les cartes en mains mais son étiquette de Première Secrétaire du Parti Socialiste ne dissimule pas sa perte de crédibilité progressive, provoquée par la récurrence des problèmes internes. Strauss-Kahn semblait le plus "prestigieux" du point de vue international, le plus présidentiable mais sa position lointaine et (sur)protégée - il dirige actuellement le FMI - le rend distant des querelles actuelles: il est probable qu'il ne sera pas accueilli en messie par les troupes socialistes alors qu'il a clairement mis de côté ces discussions pourtant primordiales pour l'avenir du parti. Royal dérape aujourd'hui trop et trop souvent: pourtant, elle aurait pu continuer sur l'élan de 2007, en élargissant pourquoi pas une base déjà assez compacte. Il s'avère qu'elle n'a pas réussi à asseoir sa domination, faute de soutien - le Parti ne l'ayant pas vraiment aidé -, et faute de charisme?

      Faut-il repousser les éléphants et tenter l'aventure avec les seconds couteaux? Valls, Hamon, Moscovici et les autres ont les dents longues. Mais chacun d'eux, par ses positions (toujours cette gauche multiple), ne fait pas l'unanimité. Il apparaît nécessaire aujourd'hui de trouver une direction pour un parti actuellement sans logique claire, quitte à perdre certains en route mais pour offrir une base de construction.

 

      Ces directions, ces routes qui s'offrent à la gauche, visent toujours plus ou moins une alliance. Les objectifs sont de gérer les forces montantes qui déstabilisent l'unité désirée, pour former une alternative crédible au Sarkozysme sans bornes.

     A mes yeux, cette unité ne peut se faire sans le PS. Il est évident que ce dernier est dans l'obligation de se déconstruire pour mieux se reformer, mais s'il doit y avoir union ou alliance, elle doit se faire avec l'appui du parti historique. La sociale-démocratie française ne renaîtra pas de ses cendres en un autre point mais doit bien plutôt redonner vie à l'héritage du Parti Socialiste. Ce serait se priver d'un leader certes trop naturel mais peut-être le seul capable d'élaborer un programme commun.

     Le "Tout sauf Sarkozy" serait la direction le plus utilitariste: se diriger vers le Modem et le centre pour acquérir une majorité nécessaire à la chute de la droite. Se pose bien sûr une épineuse question, celle du futur de Bayrou. En outre, se diriger vers le centre, c'est remodeler la paysage de la gauche, en abandonnant quelque peu la branche plus radicale et extrême pour lui préférer l'électorat centriste. Cette situation semble crédible, d'autant plus que l'électorat d'Europe Écologie pourrait y trouver son compte. Mais la mise en place d'une telle alliance apparaît très voire trop compliquée, le "Tout sauf Sarkozy" impliquant de rassembler des horizons politiques tout de même bien séparées et aller dangereusement vers l'élargissement du gouffre parti-électorat (la fin justifiant ici en quelque sorte les moyens).

    Pourquoi pas un remake de l'Union de toutes les gauches? Formule efficace, le passé l'a prouvé. Mais il faut un programme neuf, un projet fédérateur, un discours consensuel. Bien sûr, l'idée est séduisante mais là encore, la simplicité n'est pas au rendez-vous. Les accords existent déjà, mais ils ne sont pas automatiques. On connaît par ailleurs les risques posés par l'appétit de certains candidats susceptibles de vouloir s'imposer, au prix d'une remise en cause de l'union. Une telle alliance serait puissante mais fragile.

      Face aux différentes offres, la gauche n'avance pas. Statu quo et l'UMP reste toujours en possession d'une majorité assurée et rassurée. L'opportunisme de certains, les contours flous d'un clivage gauche-centre-droite qui peut-être n'a plus lieu d'être, l'opposition entre gauche bourgeoise et gauche plus populaire, il s'avère compliqué de sortir de cette mouvementée et triste orgie un programme solide et unificateur.

 

      Faut-il à tout prix chercher la majorité comme a su le faire la droite, ou travailler à un véritable remodelage de la gauche par le fond? Difficile à établir. KEEP WATCHIN'.

 

 

 

M.B.

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commentaires

T
<br /> Je savais pas que t'écrivais ici M.B^^ Je pense que l'avenir de la gauche est à sa droite. Et je ne dis pas ça par idéologie mais plutôt par pragmatisme. Je crois que le disours du Front de gauche<br /> ou de Hamon est trop décalé de la réalité. Tu parlais du rapport au marxisme, je crois que cette période est révolue même si le NPA a obtenu une bonne côte de popularité pendant la crise. Je pense<br /> que l'avenir de la gauche, c'est proposer des régulations à l'économie de marché et pas de la combattre. J'aime bien le discours de Valls qui me semble avoir de bonnes convictions. Le discours de<br /> la gauche doit aussi être plus clair et ce sur les chantiers ouverts par la droite: sécurité, immigration, entrepreunariat, identité...<br /> Pour ce qui est de l'union, je ne pense pas qu'un Valls puisse se retrouver avec un Hamon même sous l'égide d'un chef rassembleur mais c'est mon avis ;o)<br /> <br /> <br />
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